Produits de contraste : des médicaments pour y voir plus clair
Les produits de contraste tels qu’on les connaît n’ont pas toujours été les substances contrôlées et règlementées qu’ils sont aujourd’hui. Depuis plus de 100 ans, ils ont connu de nombreux changements tant dans leur composition que dans leur mode d’administration.
Qu’est-ce qu’un produit de contraste ?
Pour obtenir des images d’une qualité optimale et pouvoir réaliser le meilleur diagnostic possible, certains examens d’imagerie médicale doivent être réalisés en utilisant un produit de contraste.
C’est est une substance permettant d’augmenter de manière artificielle l’absorption des rayons X par certaines parties du corps ayant un faible contraste naturel (tissus, organes, vaisseaux ou tumeurs) pour les rendre plus facilement observables.
Ils peuvent être injectés dans une veine, une articulation, une artère ou un organe selon la zone à analyser mais également ingérés notamment pour des examens du système digestif.
Petite histoire des produits de contraste
Dès les débuts de l’imagerie médicale, les premiers radiologues ont très vite vu les limites de certains examens : impossibles à interpréter car pas assez contrastés. Les premiers produits de contraste utilisés dans les années 1890 étaient à base de sels de bismuth et d’argent, deux métaux déjà connus pour leur visibilité sous rayon X. Les liquides à base de plomb ont quant à eux été très vite abandonnés à cause de leur haute toxicité pour le corps.
Ce n’est que quelques années plus tard que les agents de contraste que l’on connait aujourd’hui ont été développés.
Les produits de contraste utilisés de nos jours
Les produits de contraste iodés
En 1901, Marcel Guerbert, docteur en pharmacie, met au point le premier produit de contraste organique à l’iode (oligo-élément présent naturellement dans tous les tissus du corps) : le Lipiodol.
En 1929, c’est Moses Swick, chercheur américain en urologie, qui synthétise le premier produit iodé hydrosoluble radio-opaque injectable dans le sang. Il sera commercialisé dès 1930.
Les produits de contraste iodés sont les plus utilisés, principalement pour la radiologie conventionnelle et en scanner. Ces produits également appelés PCI sont radio-opaques aux rayons X grâce à leur teneur en iode. Ils sont le plus souvent injectés par voie intraveineuse dans le bras et sont transportés dans le corps via le sang vers l’organe à observer. Les produits de contraste iodés peuvent aussi être injectés par voie artérielle pour étudier les vaisseaux du cœur, dans une articulation spécifique ou directement dans un organe avec une petite sonde.
Ils sont éliminés naturellement par l’urine via les reins, c’est pourquoi il est recommandé de boire beaucoup tant avant qu’après l’examen.
Il est important de savoir que si le patient est allergique aux fruits de mer, cela ne veut pas dire qu’il sera allergique à tous les produits de contraste iodés. Pour le savoir, il est nécessaire de réaliser un test allergologique afin de choisir le produit le plus adapté.
Les produits de contraste gadolinés
C’est en 1988 que les premiers produits de contraste à base de Gadolinium (métal avec des propriétés électromagnétiques) dédiés à l’IRM ont commencé à être utilisés en France.
Comme les produits iodés, ils sont injectés par intraveineuse dans le bras. Leur teneur en gadolinium permet de visualiser les vaisseaux sanguins et les organes en IRM. Il en existe différents dosages selon la zone à étudier, c’est alors le radiologue qui détermine le dosage le plus adéquat.
Tout comme les produits iodés, les produits de contraste gadolinés sont éliminés par voie rénale.
Les produits de contraste barytés
Le sulfate de Baryum (corps chimique minéral) est le premier produit de contraste qui a été utilisé en radiologie classique grâce à ses propriétés chimiques notamment pour les examens de l’appareil digestif. En effet, il n’est pas soluble dans l’eau et n’est donc pas digéré ou absorbé par le corps lors de l’ingestion. Il a également un très haut contraste aux rayons X à la différence des organes digestifs observés seuls.
Contrairement aux produits de contraste iodés ou gadolinés, les produits barytés ont deux modes d’administration selon la zone étudiée :
- L’ingestion pour étudier le haut du tube digestif : il se présente alors sous forme de pâte à avaler. Son passage dans le tube digestif est ensuite suivi en scopie avec la réalisation de plusieurs clichés des zones concernées.
- Le lavement baryté : introduit au moyen d’une sonde au niveau du rectum, il permet d’analyser la partie basse du tube digestif (côlon). Les clichés sont ensuite réalisés en suivant le même principe que pour lorsque le produit est ingéré.
Ce type de produit est éliminé naturellement dans les selles comme un aliment classique.
Les produits de contraste échographiques
Les produits de contraste dédiés à l’échographie ont été développés par le laboratoire Schering et sont utilisés depuis la deuxième moitié des années 1990.
Ils contiennent des microbulles de gaz et sont injectés sous contrôle échographique ce qui permet de suivre en temps réel son déplacement dans les vaisseaux ou les organes à observer. Les produits de contraste sont utilisés en échographie pour la recherche de problèmes vasculaires, cancérologiques (tumeurs etc.) ou des voies excrétrices urinaires.
Ils sont ensuite éliminés en quelques minutes dans la respiration.
Les produits de contraste n’ont cessé de se perfectionner avec les années et continuent d’être l’objet d’innovations pour apporter toujours plus de qualité aux images et de bien-être aux patients.
Quel que soit le produit de contraste utilisé, il est important de prévenir le radiologue de tout problème de santé ou conditions qui pourraient interférer avec les produits : problèmes rénaux, grossesse etc. Le radiologue sera alors le plus à même d’adapter l’examen en le substituant par un autre ou en changeant de produit de contraste.